Zone 11 ou chronique d’un blog qui révèle une passion d’écrire

Article : Zone 11 ou chronique d’un blog qui révèle une passion d’écrire
Crédit: Collage photos blog/marina tem
IRL
23 août 2022

Zone 11 ou chronique d’un blog qui révèle une passion d’écrire

Aussi bien que mes contradictions me rangent dans une catégorie de personnes paresseuses et travailleuses, j’aime lire autant que je n’y arrive pas. Quasiment jamais. Le plaisir de lire s’interrompt aussi vite que l’ennui et le désintérêt m’accablent au delà de ma volonté de persévérer. C’est qu’il faille que le texte soit d’une originalité déconcertante pour affaiblir et désarmer ma lassitude. Très peu de textes y sont parvenus. (Quoique je sois un peu trop vaniteuse pour m’ériger en critique, il s’agit là juste d’un défaut).

Si pour ma part lire est une tâche difficile, j’avouerai qu’écrire est un tout autre dur labeur. Et le faire auparavant, n’avait jamais été pour moi qu’une expression dérisoire de sentiments confus. Une libération de ces affects emmêlés et bouillonnants dans le but de me défaire de tristesse ou de colère. De rancune ou de déceptions amères.

Là où tout a commencé

Les souvenirs brûlants de mes premiers pas dans une création littéraire crédible, me ramènent avec nostalgie au concours Mondoblog 2020. Ma seule expérience d’écriture jusque-là, démeurait aussi inconsistante et médiocre que mon journal d’ado noirci à chaque période sombre. Pas de nouvelles, pas de poésies, pas d’essais; et encore moins un véritable roman abouti. Mais quand même, il y’avait ma petite pièce. Juste cette petite pièce de théâtre rédigée à seize ans, après cette effervescence inattendue suscitée lors d’une lecture de  »la croix du Sud » de Joseph Ngoue.

Participer à la septième édition de ce concours demeurera une expérience inoubliable. Même si au départ je n’y avais accordé que peu d’importance, je ravisai très vite mon manque d’intérêt en découvrant l’un des thèmes proposés. Ce dernier semblait coïncider avec ma terreur de voir le monde s’effondrer sous l’inaction de firmes industrielles capitalistes, incapables de dénouer avec les énergies non renouvelables. Aussi, c’est avec un petit élan de militantisme, qu’un texte recréant une dystopie liée au climat pris naissance entre mes doigts.

La fierté d’avoir produit quelque chose de personnelle pour une compétition, me fit comprendre que j’avais savouré chaque instant où mon cerveau s’activait à trouver le mot juste, les références utiles, l’angle parfait. Et puis l’annonce des résultats déclencha en moi un réel plaisir. Je me serais cru lauréate d’un prix Renaudot ou Femina. Du moins c’est l’impression surfaite qui m’envahit quand je reçus le bienheureux mail de l’équipe. C’était bien la première fois qu’écrire me conviait à célébrer une victoire, aussi négligeable puissait-elle paraître.

Blogueuse sur Mondoblog

L’acquisition de ce blog fut bien étrange. Dans le sens où partager le contenu de mon esprit devenait une perspective saugrenue et effrayante. Mais la sensation que j’avais mérité ce blog me fit l’effet d’un anxiolytique. Cette sensation qui m’affirmait que j’avais quelque chose de puissant, d’intéressant et de pertinent à dire, m’aida à gagner en assurance et à psychoter le moins possible.

Mes débuts hésitants et maladroits sur cette plateforme m’ont en quelque sorte fait prendre conscience de monmanque d’expérience. Les reproches bienveillants et utiles qu’on peut recevoir ne sont pas toujours accueillis de la façon dont la personne qui vous les fait, les estime important et nécessaire. C’est dire combien j’ai été secouée de voir des pavés de suggestions quant à mes tout premiers billets. Dont certains disparurent. (entre autre supprimés par orgueil, oups!). Il a fallu jeter mon trop plein de déni et admettre que j’étais une novice dans tous les sens catastrophique et inexpérimenté du mot.

Il était absolument important de peaufiner mon style et d’accroître ma culture. Sachant que ce qu’il y’a de primordial dans un blog, est une information précise et bien rapportée. Celle-là que vous déballerez selon vos arguments et peut être prise de position. Parce qu’il était possible par ce nouvel espace, de diffuser mes opinions et analyses du monde qui m’entoure.

Blog(s) favori(s)…?

Autant dire que je suis assez déçue de moi, n’ayant réussi à me permettre faute d’activités chronophages, qu’une lecture assez régulière de deux blogs. Tout d’abord le blog de Rima Abdel Fattah; elle qui nous décline ses tribulations émouvantes en terre libanaise et l’amour pour ce pays natal meurtri par des violences et crises, et pourtant si cher à ses yeux.
Mais le blog qui m’a captivé dès les premières lignes de lecture est celui de Tanguy Wera, qui a su me faire tanguer d’émotion. (Sans loufoque jeu de mot).

Ce professeur qui dit ne pas avoir vocation à être pédagogue, a pourtant bien réussi à me plonger dans un profond apprentissage. Qu’il s’agisse de sujets socio-humains portant sur l’amalgame inadapté rapprochant systématiquement racaille et immigrés africains, ou alors climatiques comme les rapports alarmants du GIEC dont personne ne semble faire grand cas, il y’a toujours dans ses dires, ce petit plus qui vous a échappé et que vous (re)découvrez avec lui d’une autre manière. Autrement dit comme est intitulé son blog, c’est un espace d’analyse bien échafaudé qui pourrait bien ramener vos convictions à l’échafaud. Ou alors dans la plus soft mesure, vous faire réfléchir de façon moins entêtée et nettement plus probante.

C’est dire que la perspicacité de ses points de vue sur chaque sujet qu’il traite habilement, aura eu vite fait de donner une bonne torgnole à vos idées fixes. Entre finesse d’esprit, culture luxuriante et originalité certifiée, ce trio qui nous tient en haleine dans la majeure composition de ses articles, nous livre une ambiance haut de gamme pour s’informer autant que prendre du plaisir de lire intelligemment. La musicalité qui en ressort fait qu’on ne pourra jamais en être blasé de ses billets. C’est littéralement l’un des meilleurs blogs que j’ai eu à découvrir.

Le blogging : au-delà d’un goût pour les mots

Au fil de billets construits et détruits, écrits et réécrits, puis finalement conservés, j’ai vu éclore quelque chose de nouveau en moi : une passion pour l’écriture, un goût pour les mots. Il y’avait cette sorte d’attraction indéfectible qui exhorte à produire plus qu’avant et moins qu’après. Ce n’était pas seulement les encouragements et félicitations des chaperons en alternance qui avaient fait naître cela, mais surtout ce plaisir de savoir que l’on possède en sa plume, une façon de dire les choses qui nous est singulière. Une manière propre à notre sensibilité, de se représenter le monde telle que nous le concevons. Et désormais aussi, cette capacité de disposer d’un schéma d’écriture à peu près correct.

Les mots, phrases et expressions devenant de plus en plus fournis et accessibles, on se sent pousser des ailes d’un langage éminent et de qualité appréciable. Avoir un blog m’avait permis cela : savoir écrire, et surtout bien écrire. Mais plus que ça, c’est également partager des expériences et sentiments qui peuvent être rejoints par d’autres personnes qui prennent plaisir à étancher leur soif littéraire ou de connaissances à travers vos billets.

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