Des esclandres pétris d’indignation

Article : Des esclandres pétris d’indignation
Crédit: It Chan/Pexels
2 juillet 2023

Des esclandres pétris d’indignation

On sort de nos gonds, en horde, car nos cœurs sont envahis de peine;
Pour cet ado buté, symbole d’un système maculé de drames en chaînes.
De quelques gestes brusques à des interventions bestiales,
Des refus d’obtempérer qui se terminent en opérations fatales.

Aucune pitié dans les yeux si l’on agit un tant soit peu de travers;
Ils guettent nos moindres fautes parce qu’ils nous associent à tous leurs calvaires.
On vit dans la crainte d’être fourré dans de mauvais pépins,
On circule comme des détenus n’arrivant plus à être sereins.

Pour eux nous sommes une invasion de jeunes effrontés et d’immigrés violents,
Des fainéants déscolarisés de la ZEP et des voyous insolents,
Des migrants irréguliers déambulant dans un paradis rêvé,
Dont les parents laxistes procréent sans cesse pour se faire aider.

 »De la racaille bruyante et des petits morveux dealers,
Engraissés de cocaïne qu’ils refourguent vite à peine majeur.e.s »,
Ils trouvent des bouc-émissaires pour nous coller l’insécurité croissante,
Mais mourir n’est pas une option pour des cibles faciles et permanentes.

L’affiche est terrifiante et les voilà choqués tremblant d’effroi,
Détruire des bâtiments publics n’était sûrement pas notre précieux choix.
Les forces de l’ordre qui titillent ont fécondé nos odieux émois,
Et on se sent le dos au mur comme des proies traqués aux abois.

On ne veut plus d’interpellations faciles d’étrangers à chaque patrouille,
Pour que l’égalité seule soit le fief de la nation sans autre magouille.
Aux répressions douteuses on a plus la patience de se taire,
On a déterré la hache de guerre avec la violence qui vous est si familière.

On ira dénoncer tous les mauvais flics tant qu’ils s’acharneront sur nous,
On veut pas mourir de bout en bout parce qu’on nous maintient à genoux.
On est sourds à l’apaisement car révulsés par trop de bavures,
On devient incendiaires comme embrasés par nos origines impures.

Il avait juste dix-sept ans et il n’en aura jamais soixante,
Et là il mange des termites à cause d’une discrimination suffocante.
On fait de nous des méchants pour nous interdire l’insurrection,
Donc nous on ne prendra pas le temps de réfléchir à la question.

On a cédé à la rage contre les crimes et les abus sauvages,
Et les puissants s’offusquent de ce que les banlieusards saccagent,
À leur mécontentement général personne de nous n’en a cœur en joie, On occupe du terrain car être indignés ça va de soi.

Partagez

Commentaires