Le mal de vivre

Article : Le mal de vivre
Crédit: John Rae cayabyab/Pexels
IRL
8 décembre 2022

Le mal de vivre

Un jour ou l’autre survient ce moment redoutable, qui règne en maître dans notre esprit et nous fait trembler d’incertitudes. Celui dont le retentissement est si urgent qu’il saccage notre routine et défie notre maîtrise de l’avenir. Il y’a ces instants de peur absolue et d’empressement à questionner le bilan de nos choix les plus audacieux, et sûrement les plus affreux. Mais aux yeux de qui?

Qu’est ce qui fait qu’on est soi? Qu’est ce qui procure une sensation de vivre, d’exister pleinement ? Sans remettre en question une certaine idée de vie qu’on veut adopter ? Qu’est ce qui rassure qu’on est bien dans la bonne direction? De cette direction où réside la plupart du temps une accumulation d’injonctions qui ne nous appartiennent pas, qui ne sont là que pour mettre en lumière un bonheur certifiée comme preuve d’une vie si bien edictée. Autant que les autres nous le façonnent.

Les autres, cette sorte de condition faste et ennuyeuse de vie en société. Dans leurs reflexions qui se rangent, s’alignent, font bloc contre les minorités reléguées en quarantaine. Et avec ce fond toujours unanime qui trône et se croit capable d’aplanir la voie sous nos pas égarés et vacillants. Pour au final s’accommoder à cet équilibre standard et uniforme. Se croire défectueux c’est vouloir leur ressembler. Essayer d’être une fausse copie de soi, image déformée d’un groupe tortueux où se perd toute unicité. Moi à l’écart, je suis bien plus qu’un reflet déçu. Je suis une contrefaçon, un produit raté d’une communauté à la dérive. J’ai le recul et l’arrogance des marginaux, le cynisme et la révolte des inadaptés.

Je déteste parfois le fait d’être moi. Je déteste ce sentiment de ne plaire qu’à moi, de me suffire et de chercher chez certains cette vision recluse et affadie d’un être humain déchiré. Je hais cette sorte de condescendance vide qui me surplombe et me fait savoir que je suis effrayée, affolée à l’idée même de ne pas être à la hauteur. D’avoir peur qu’on humilie mes idées, qu’on profite de ma naïveté ou qu’on moque mes faiblesses cachées.
Tout chez moi se perçoit en offensive, attaque érigée contre l’humain vicieux et qui pour moi ne possède qu’une piètre notion d’humanisme. Tout chez moi respire la médiocrité sociale, l’agressivité maladroite d’une incomprise; dont l’acharnement et la volonté de lutter pour transparaître normale ne lui permettent rien. Sauf en fin de compte être mise de côté. Rejetée.

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