L’âge de raison de Goran Stolevski

Article : L’âge de raison de Goran Stolevski
Crédit: Capture d'écran trailer
31 mars 2023

L’âge de raison de Goran Stolevski

J’aime vraiment beaucoup le cinéma queer. Même en dépit des autres qui le trouvent trop axé à exalter la différence et promouvoir la tolérance. Ce qui n’est pas toujours forcément le cas. Récemment, j’ai eu le plus gros coup de cœur de ma vie. Et ceci pour le deuxième long métrage d’un cinéaste australien d’origine macédonienne, Goran Stolevski. Alors inconnu jusqu’à il y’a deux jours de mon carnet de réalisateurs.

L’âge de raison, de son titre original  »Of an age », s’est inséré d’emblée en première position du top 3 de mes films queer favoris. Ayant détrôné Flee de Jonas Poher Rasmussen et Été 85 de François Ozon. Vous voulez savoir pourquoi j’accorde autant de faveurs à ce petit film, si simple dans son intrigue et pourtant si émouvant ? Suivez-moi pour un tour d’horizon spécial de ses charmes !

Un récit d’amitié, d’amour et de déni

L’histoire de fond ici est quelque peu basique. Nous sommes en Australie, fin d’année 1999 et Nikolas, jeune serbe de 17 ans, s’entraîne un matin dans la cave de sa demeure précaire, pour une audition de danse de salon qu’il doit passer dans quelques heures avec sa meilleure amie Ebony.

Nikolas Denitch joué par Elias Anton

Cette dernière est à l’autre bout de l’Australie, complètement larguée sur une plage inconnue après avoir fait la fête la veille avec de parfaits étrangers. Ebony, se réveille en panique ce matin de leur compétition à elle et son ami qu’elle surnomme Kol, et essaie de le joindre pour qu’il se dépêche de la retrouver et la tirer de son guêpier.

Ebony, joué par Hattie Hook

Kol en ami loyal et quelque peu solitaire, va répondre à sa détresse. Il ira tout d’abord à l’immeuble de sa fêtarde d’amie récupérer ses vêtements de danse. Et ensuite sous les recommandations de celle-ci, prendra la route à l’aide d’une carte et en compagnie de son grand frère, Adam.

Adam, joué par Thom Green

Cette virée impromptue entre Kol et Adam, qui semblait être le trajet précipité d’une équipe à la rescousse d’une sœur et amie, va se transformer en partage de penchants littéraires, cinématographiques et musicaux. Mais aussi plus que ça, une rencontre banale entre deux garçons que tout oppose et rapproche, va par une suite d’événements inattendus, permettre au jeune Serbe expatrié de reprendre le contrôle de sa vie et de briser le déni de ses affections.

Adam et Kol

Des comédiens centraux à la hauteur de leurs personnages

La profondeur du réalisme et de la tendresse de chaque scène clé, tient à la perfection du jeu des deux acteurs principaux. Elias Anton, dans le rôle de Kol, nous plonge dans la complexité des émois de l’adolescence et les vicissitudes de l’exil.

Il se ressent dans chacun de ses phrasés, moues et mimiques, l’authenticité d’un jeune adulte perdue entre une amitié importante qu’il est le seul à entretenir, une famille cosmopolite rude et envahissante, et le grand frère libéré d’une amie qui va complètement le bouleverser. Elias Anton nous livre un personnage juste époustouflant comme on en verrait pas dans la vraie vie.

Kol

Thom Green qu’on a longtemps aperçu dans la série australienne, Dance academy, n’a rien perdu de ses attributs d’artistes du grand écran. C’est avec une facilité qui ne cesse de nous enchanter, qu’il s’est approprié le rôle d’Adam, un étudiant homosexuel diplômé de Melbourne qui assume sereinement sa sexualité. Et en même temps, s’occupe de sa soeur et est très ancré aux valeurs familiales. Il sera comme une sorte de digue protectrice pour sa cadette éparpillée, et de catalyseur dans les émotions dissimulées et troubles du jeune Kol.

Ebony, Adam et Kol

Dénouement et point central de l’intrigue

Dix ans plus tard, Kol et Adam se croisent à l’aéroport de Melbourne, dans le but d’assister au mariage d’Ebony. Ils se trouvent choqués d’atterir au même moment et se rendent à la maison familiale d’Adam et Ebony. Durant leur bref déplacement en bus, tous les deux se donnent des nouvelles de leurs vie actuelles et surtout ressassent le bon vieux temps.

Nikolas et Adam à l’aéroport, Australie, 2010

Sauf que Adam ne sait pas qu’il s’est agi d’une époque particulière pour Kol. Il avait sans s’en apercevoir, marqué à tout jamais la vie d’un adolescent mal dans sa peau. Et durant leurs retrouvailles, Kol lui fera comprendre petit à petit, que le court instant de leur rapprochement il y’a dix ans, n’a jamais quitté sa mémoire. Autant que la pureté du sentiment unique qui est resté longtemps cloîtré en lui, l’a tenaillé sans s’estomper.

Adam et Kol, 1999

N’ayez crainte, les explications du récit sus-mentionnées n’ont rien divulgâchées à la substance même du film. Vous serez autant surpris que si vous n’aviez pas lu le synopsis. Un très bon film à regarder et certainement avec un p’tit mouchoir !

Bande annonce, Out of age
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