La belle saison, de Catherine Corsini

Article : La belle saison, de Catherine Corsini
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26 octobre 2023

La belle saison, de Catherine Corsini

Cinéaste française à qui j’ai prêté une vive attention grâce à son récent long-métrage intitulé le retour, Catherine Corsini est également la réalisatrice de la belle saison. Un film voluptueux où se juxtaposent des révoltes intimes et sociales que j’avais eu plaisir à regarder dans le passé, mais sans vraiment faire gaffe à ce moment-là, à celle qui l’a laissé éclore.

Crédit photo : le bleu du miroir

Aperçu et séquence initiatrice de l’intrigue

De la clandestinité d’un amour vécu à l’ombre des siens et d’un départ de sa campagne pour exprimer ses désirs, Delphine notre première héroïne, cherchait tout à fait à rompre avec la monotonie de sa fade bourgade qui lui est pourtant si chère. Elle déménage pour Paris afin de poursuivre ses études et laisse derrière elle, une ferme familiale gérée par ses parents aimants mais très traditionnels.

À Paris, elle effectue des études en philosophie et vit humblement dans un appartement étroit mais assez correct. Tout est différent de sa terre natale mais son nouveau train quotidien fait de dîners frugaux et d’aller-retour entre sa faculté et son minuscule foyer, lui est convenable. Sa vie émancipée loin des barrières et protection familiale lui donnent une carapace d’adulte et de femme autonome.

Rencontre avec des adelphes et débuts du féminisme

Un matin, dans la rue, Delphine remarque un groupe de femmes bruyantes qui s’agitent et titillent des hommes en leur frappant coquinement l’arrière-train puis détalant furtivement. Elles montent ensuite dans un bus pour s’échapper, et Delphine les rejoint quand elle sauve l’une d’elles d’un homme violent et réticent à l’ironie féministe de celles qu’il insulte avec hargne en jurant par le bras.

Dans le bus, Delphine est remerciée pour sa bravoure et fait connaissance avec ces dames d’un autre monde opposé au village tranquille d’où elle est originaire. Le courant se crée très aisément et une invitation lui est remise via un tractus. Delphine, fascinée, promet de l’honorer. Il s’agit d’une association de féministes de toute profession, qui luttent pour les droits des femmes et notamment le droit à l’avortement et à l’octroi facile de la pilule abortive.

Nous sommes en France au début des années 70, en 1971 plus exactement, c’est-à-dire juste quatre ans avant que la loi Simone Veil ne soit votée aux deux chambres. Le MLF, mouvement de libération des femmes sévit de pleins fouets et des volontés de s’édifier en tant que femmes libres et souveraines de leurs corps secouent les grandes villes du pays. Delphine est stupéfiée par ces adelphes fortes et audacieuses puis rejoint avec engouement leurs causes qu’elle trouve affriolantes et juge légitimes.

Crédit photo : le bleu du miroir

Une histoire d’amour et d’idéologie commune

Parmi les membres de l’association, Delphine en a remarqué une, celle qu’elle a protégée plus tôt. C’est une jeune professeure charismatique et plein de fougue dont elle s’éprend rapidement. Mais des obstacles viennent se dresser contre ce sentiment naissant d’autant plus que sa conquête a un statut privé différent du sien. Très vite, des péripéties viennent s’ajouter à leur histoire moyennement concrète, si bien que les mœurs liées à leurs espaces géographiques propres auxquels elles ont été habituées, catalyseront les horizons de leur aventure incertaine.

Des actrices de personnages hauts en couleurs

Cécile de France qui joue le rôle de Carol, l’enseignante, incarne avec vitalité et zen cette femme forte impliquée dans l’association dont elle défend les valeurs qu’elle porte en elle. Avec son personnage, elle nous fait immerger dans le relief mesuré d’une récalcitrante prête à chevaucher au côté d’un homme tout en déconstruisant vigoureusement le patriarcat. Et son trouble face à Delphine apporte à sa facette d’hétéro figée, une analyse majeure des soubresauts du cœur qui peuvent surgir d’une envie impromptue.

Izia Higelin est tout aussi époustouflante dans le rôle de Delphine. Par cette jeune provinciale timide mais convaincue de sa vision personnelle de la vie et l’amour, elle nous fait évoluer discrètement avec ses nouvelles compagnes auprès de qui elle s’adapte en laissant libre cours à ses aspirations ancrées et dissimulées.

Les deux femmes sont à la hauteur des personnages qui leur sont attribués à tel point qu’elles manquent peu de nous faire adhérer à leurs luttes fantastiques. Un film à voir !

Trailer de la belle saison via youtube

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