Comme un délit de mauvais racisé

Ils m’ont dit:

« Evite les pétrins et les attitudes de brigands,
Poursuis tes études comme un enfant décent,
Songe à l’amertume des arrestations navrantes,
Et trouve-toi des hobbys dénués de poudre blanche enivrante.

Extirpe toi des stéréotypes qui te visent,
Si ta peau pâle t’essentialise, dévie!
Prends des routes loin des banlieues, fais toi des amis sérieux,
Enfile des semelles de bourge, deviens docile et moins farouche.
Refoule ta culture comme un transfuge refais surface loin de sa souche.
Décline respect et gratitude, fais de ta vie celle d’un bon assimilé.
Sois le môme sage parmi les racailles, racisés !
Avalanche de migrants sans papiers, africains indisciplinés.

Écris des récits où ton pays d’origine est honni,
Une feuille blanche est déjà prête pour admirer tes hérésies,
Lis entre les vies puis écris ta vie differemment des tiens;
Fuis la truculence de leurs habitudes si ton cœur veut devenir sain. »

Et quand j’entends les sirènes de la police qui s’approche toute fière,
Je cultive le silence et reste calme pour que rien n’interfère,
Je recherche la paix et ne veut aggraver l’issue scellée,
Quand entre eux et moi s’enlisent des préjugés à gommer.
S’il faut reprendre dès le début je redéfinirai les règles du jeu;
Je briserai la haine, changerai les sentiments douteux,
Renforcerai l’empathie, pour que tous l’emploient,
Deviendrai messager d’amour pour que chaque citoyen soit roi.

Un jour, un jour, un jour ils verront, basta les contrôles au faciès;
Je resterais sur place et ne subirai plus les pires bassesses,
J’vais braver l’injustice et pas rester victime là,
Attendant que j’trépasse et parte vers l’au-delà.
Mourir sous des tirs précipités pour cause d’être Homme de couleur,
J’vais pas quitter mon quartier pour incarner un citoyen d’honneur,
J’habiterai des cités, des HLM, des trous à rats;
Je les viderai de leur hargne et leur ferai délaisser tout ça.

J’vais manifester contre ce système et jamais renoncer au combat,
Pas besoin d’être irréprochable pour appartenir à cet État;
Ni de casiers judiciaires vierges pour esquiver les forces de loi,
Ces personnes qui se pavanent à criminaliser des étrangers.
Je rêve d’un Etat de droit où l’on m’accosterait sans me heurter,
Car dans ces paysages, je peine à paraître des leurs,
Dans ces regards transparents qui me jugent toujours fauteur,
La zone est de mépris, le rejet est d’évidence,
La droite est une complice et je trébuche à contresens.