Une saison en enfer 1

Comme je contemple amèrement l’époque lointaine des jours de dépit,
Où haleter à la sueur froide dénotait mes souffrances sans répit,
J’essayais de panser mon cœur jeté aux craintes et à la malice,
Et dissimuler mes peurs sous les décombres de la noirceur et du vice.

Comme j’étais paré d’une naïveté inutile,
Qui me livrait à la table de leur plaisir sadique et vil,
Où ils se plaisaient à dépecer la candeur de mon égo,
Et s’égayaient à ruiner les vestiges de mes bontés, sans repos.

Comme je semblais m’éterniser dans un malheur infini,
Noyé dans le brasier d’une existence démunie,
Défilant de bourreaux en bourreaux sans éteindre la flamme de la raison ivre,
Qui s’enhardit dans l’ardeur de ma rageuse volonté de survivre.

Rescapé malheureux d’une saison en enfer,
Adulte brisé sur qui plane l’ombre d’une période délétère,
J’ai vu périr mon enfance dans une famille mise en charpie,
Où s’affrontaient la violence d’un père obsédé à la méchanceté d’une mère aigrie.

Comme le temps de ma jeunesse semblait inexorablement long,
Comme je rêvais d’habiter un foyer paisible loins de mauvais horizons,
Partir à la rencontre de mes désirs de paix et de protection,
Où cette vie immonde s’envolerait et laisserait place à un chaleureux cocon.

Rescapé malheureux d’une saison en enfer,
Adulte brisé sur qui plane l’ombre d’une période délétère,
J’ai vu périr mon enfance dans une famille mise en charpie,
Où s’affrontaient la violence d’un père obsédé à la méchanceté d’une mère aigrie.