Liberté d’expression ou de répression ?🇨🇲

Parce que chaque vie est importante et pas seulement celle des nantis,
On souhaite vivre dans un espace où même les nôtres sont garanties,
Un endroit sûr où la protection des civils passe en premier,
Où les habitants ne fuiraient pas à l’approche de policiers.

J’écris ces mots incrustés sur mon âme maussade,
Mon patriotisme n’a longtemps été qu’une vitre de façade,
De cette peur qui me fige à chacun de leur élan de cruauté,
J’ai la conscience lâche de ne pas pouvoir manifester,
Entre deux réflexions cruciales sur mes actions trop sages,
Je rêve d’une révolte et d’une justice sauvage.

« Quand Yaoundé respire c’est le Cameroun qui vit »,
Expression dérisoire autant que ces politiques sans empathie,
Quand le peuple lâche des soupirs c’est ceux d’en haut qui rient,
Seule vérité qui doit être scandée sous ces cieux pétris de délits.

Je vis à peine libre dans cette Afrique en miniature,
Où tous les crimes sont perpétrés en grande nature,
J’ai grandi dans une démocratie à peine accessible,
Où les urnes seules reflètent milles fraudes tangibles.

On vit dans l’amertume de nos existences enchaînées,
Où sévissent les exactions crasses de leurs sbires éhontés,
On vit dans la couardise de nos lendemains menacés,
Et seule une poignée lève la tête pour défier l’autorité.

J’ai ouï milles récits sur les luttes acharnées de maquisards,
Ces martyrs d’une guerre occultée de nos manuels d’histoires,
Dont le flambeau est remis à une descendance sans entrain,
Qui couvent la hantise de voir leurs enfants devenir orphelins.

Quand l’opposition renaissante gronde et s’agite,
Les milices fourbissent leurs armes et se précipitent,
Quand les radios déblatèrent d’exactes révélations qui choquent,
Ils y voient des pamphlets hardis d’une population dont il se moque,
Ils empêchent les manifs et font échouer les rebellions,
Ils taisent les voix courageuses dans d’horribles violations.

Pourra-t-on survivre dans quinze ou trente ans?
Sur cette voie tracée dans l’effroi et le sang?
L’avenir se dessine comme une terre dans laquelle ils nous immolent,
Où l’ennemi à abattre est celui qui nous tient sans menottes dans cette geôle.