À ma mère

Article : À ma mère
Crédit: Photo de Andrea Piacquadio sur Pexels
27 mai 2024

À ma mère

Aujourd’hui, dimanche 26 mai, on commémore la fête des mères. Une célébration pas très unanime à chaque date compte tenu des représailles de certains liens désastreux qu’on possède avec nos génitrices.

C’est souvent difficile de prendre l’élan de tendresse nécessaire pour exprimer une reconnaissance et une gratitude spontanées à celles par qui on a vu le jour. Tant les conflits larvés émanant de cette sororité familiale peuvent intercepter où détruire cette affection unique que l’on devrait leur porter. Cependant, il y’aura toujours des situations d’armistice où on se résoudra à mettre une pause sur nos décisions strictes de les blâmer sans trêve.

Ma mère, elle, est une personne exceptionnelle. Je l’aime d’un amour infiniment respectueux, c’est entendu. C’est une femme particulière que j’ai parfois du mal à cerner, entre nos désaccords perpétuels et nos divergences violentes sur la condition féminine. Des contradictions fortes émises sur tous les fronts de nos bavardages, qui portent le fruit de silences et mésententes acharnées. Mais après, tout ce chaos d’idéologie liée à des époques qui s’affrontent, se termine par une réconciliation plus ou moins paisible qui peut durer le temps d’une cuisson légère.

Ma mère se lie rapidement d’amitié avec toutes celles dont l’opinion se télescope à la sienne. Mais sa particularité est qu’elle ne se laisse pas corrompre par les vices humains. C’est une puriste des bonnes mœurs dans le cœur et l’âme.
Elle est tellement pleine de douceur et de générosité qu’elle en évince ses propres besoins. Elle vit et se déploie pour la cause humaine et sociale. Elle vit l’altérité comme une mission urgente de donner du plaisir et du bonheur à tous. Et que dire de moi, de nous ses enfants ? Elle a tellement usé de sa vie pour nous donner le meilleur d’elle-même que j’en serais toujours fascinée par sa force d’esprit et son courage d’avoir subi tant d’épreuves d’une existence d’épouse et de mère dévouée à sa famille.

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Ma mère est aussi une dame extrêmement conventionnelle dans ses convictions, à telle mesure qu’elle se satisfait des choix initiés par la tradition et les coutumes du pays. Sa vision du bonheur s’articule autour du mariage, de enfants et du foyer géré par un mâle dominant. Je ne lui en veux pas de rester figée à ce consensus qui lui apporte la joie et la paix qu’elle exhale dans ses actions. Même si je lui préfèrerais plus de subtilités et de rigueur dans son jugement et son épanouissement.

J’écoute souvent le récit de sa jeunesse et de ses batailles avec stupéfaction et admiration. Son abnégation à son foyer que j’ai toujours trouvé autant bénéfique pour nous, que superflu pour son époux, m’a conditionné à lever le pied sur mes reproches incessants concernant son émancipation.
Moi qui suis trop moderne, trop idéaliste, trop hérétique, trop féministe, trop  »tout » ce qu’elle considère comme insensé et décevant pour une femme, j’avoue qu’elle et moi n’arriveront jamais à faire glisser l’écrou sur la tige. Quoi qu’il en soit, elle reste le maillon par lequel j’ai appris la bonté humaine et l’empathie primordiale pour mon prochain. Et cette leçon de vie pour moi, vaut tout l’or du monde.

Je lui dédie ce poème en ce jour spécial où je veux lui rappeler sa grandeur d’âme et son regard inconditionnel sur tous ses enfants.

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Poème


Par une si plaisante matinée,
Chargée de laudations à décliner,
Mes frères, serions-nous des mômes candides,
Dont les mœurs se prêtent à être tant timides?
Laissons donc de piètres actes de fainéantise
Éclipsons ces lenteurs de témoigner à notre marquise,
Des leçons de conduite au tournant si fière
Qu’on en raffole de son éducation de mère.
Par nos cœurs qui tiennent des émois en instance,
Des mots se hâtent de caracoler avec aisance;
Et dans un instant solennelle aussi précieux
Pourquoi craindre et tarder à s’y atteler?
Mes frères, tenons une ode bien méritée,
À la femme pour qui s’illuminent nos yeux.

Un socle pour nous aussi réconfortant,
Que cette douce couverture maternelle;
C’est une grâce de l’avoir eu si longtemps
Et profiter encore de la beauté de son zèle.
D’un geste noble pour notre prochain indigent,
Elle nous enseigne l’essentiel d’un cœur avenant,
Qui de nous ne saurait avoir la gratitude ?
À la femme qui forge nos saines habitudes.

Avons-nous quelques maux ou déconvenue,
Qu’on se presse à le lui conter sans retenue
C’est dans son confort qu’on éjecte nos lassitudes;
Et qu’on se ravive loin de nos tristes solitudes.
Avons-nous quelque fastueux honneur,
Qu’on le partage avec la reine de nos cœurs;
Elle est le point d’ancrage de nos succès
À elle, on se confie toujours à tout excès.

Ô femme aimante qui nous a bercé dans son giron,
Tu es dépositaire de notre bien-être et nos émotions
Les notes de ta tendresse nous valsent ton amour éternel,
Et l’on reçoit les bienfaits de cette affection inconditionnel.

Ô toi, dont les soins diligents
Guident dans ce monde fou,
Mes pas frêles et vacillants
Ma mère, à toi je lègue tout.
Des tensions à nos grabuges véhéments,
J’écarte ma forte colère qui meurt au vent,
Je ne veux t’éviter pour ces basses raisons
Et t’aimer tendrement à chaque saison.

— Marina Tem, À ma mère, 26 mai 2024

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Commentaires

TOURE Audrey Marie-Louise
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hommage à nos mamans