Colorisme en milieu noir : une nouvelle oppression ?

Article : Colorisme en milieu noir : une nouvelle oppression ?
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25 avril 2021

Colorisme en milieu noir : une nouvelle oppression ?

Tout comme le racisme anti-noir fortement perceptible dans notre société, et avec qui on croyait déjà avoir touché le fond crasseux des discriminations basées sur la couleur, on observe également des divergences sociales au sein même de la communauté noire, liées à la teinte de peau.
Une sous catégorie de domination intrinsèque ? Un second ordre de hiérarchisation sociale ? Un énième modèle d’oppression dictée par une peau à la teinte plus claire ?
Le colorisme dans le milieu noir fait son bruit majeur, à l’heure où la population noire se bat pour avoir plus de visibilité et de respect de la part du monde entier.
Le colorisme est désormais une réalité, une réalité déplorable tant elle pourrait démonter tous les discours positifs qui recherchent l’égalité entre les races.

Qu’est ce que c’est le colorisme ?

Le colorisme, c’est quand dans une communauté raciale, un groupe d’individus, ressent une supériorité face à un autre, du fait des privilèges qui leur sont accordés grâce à leur teinte de peau claire. Les  »light skin », comme on les appelle. C’est tout simplement cette discrimination qui existe envers les personnes à la peau plus foncée. On est en présence d’une hiérarchisation sociale qui définit une représentation convenable de l’apparence physique, par la couleur de peau. Le colorisme est très présent dans les communautés asiatiques, mais encore plus marqué dans la communauté noire, où les débats sur le racisme, avec la mort de George Floyd ont réveillé cette discrimination intra-raciale diffuse.

Les racines du colorisme

Les sources sont multiples et relèveraient d’un passé colonial lourd d’influences.
Selon le professeur à l’université d’Ottawa, Boulou Ebanda de B’beri, le colorisme tirerait ses origines du colonialisme religieux, où le mythe de la peau blanche, claire, majestueuse et souveraine commençait à s’imposer.

On peut entrer dans une église catholique et voir que tout ce qui est comme peinture ou représentation de la bonté n’est généralement pas de la couleur de la personne qui regarde, surtout dans les contextes africains et des Caraïbes.

Boulou Ebanda de B’beri

Le colorisme ne serait donc qu’un héritage colonial, perpétré par des attitudes d’antan où on pouvait déjà aussi observer des souplesses en faveur des noirs plus clairs de peau, généralement nés de l’Union entre un colon et un esclave.

La misogynoire en est également une cause. Cette détestation de la femme noire en entraîne une sous-représentation dans les magazines, les publicités pour cosmétiques, les défilés et véhicule une image dégradante de celle-ci. Et de manière générale la non-représentation des personnes noires à l’écran favorise une non-acceptation de leur identité, et une mauvaise estime de soi, qui entraînent des conséquences désastreuses.

Colorisme et conséquences

Derrière le colorisme, il y’a toute une haine du corps noir en général. Que ce soit de sa couleur, de ses cheveux, de son nez, ou encore de sa bouche. Ce qui conduit à une énorme fracture identitaire, à vouloir dès lors reproduire, ressembler à ce qui est accepté : les personnes claires de peau.
On serait dès lors peiné de voir ces personnes noires soumises à cette volonté de conformité à la peau blanche. Volonté qui a permis à l’industrie de blanchiment de la peau de faire de gros marchés en Afrique subsaharienne. Là-bas, être claire c’est avoir la possibilité de plaire, de se marier, d’avoir un travail, de se voir offrir une meilleure condition de vie dans la société.
Au final ce leg colonial est une grosse déformation sociale, entretenue par les occidentaux, qui gangrène l’Afrique et qu’on doit absolument repousser.

Emission Soulsisters sur Vice TV
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