Cérémonie d’ouverture des JO Paris 2024: un terrain politique de propagande woke ?
La France hospitalière a de sérieux revers dans son paradigme cosmopolite et permissif. Elle qui au sein du pays aborde une facette humaniste en laissant libre cours a des droits familiaux élargis à l’homoparentalité ou des orientations sexuelles vécues pleinement sans pénalité, subit souvent les contrecoups de ses lois et règlements trop avenants.
La cérémonie officielle d’ouverture des Jeux olympiques, que l’hexagone accueillait le vendredi 26 juillet, a été le terrain flamboyant de sa vision libertaire.
Une vitrine progressiste française trop manifestée autour des prestations de certains artistes à l’exubérance criarde qui n’a pas loupé de faire polémique en heurtant l’opinion publique locale et les spectateurs d’autres contrées.
Jugés parfois ridicule et choquants, parfois odieux à la limite de l’indécence, ces instants scéniques insolites conduits par des professionnels du spectacle ont ramené sur la table les questions de propagande woke et de valeurs nationales françaises frelatées par une politique d’immigration massive.
Des Jeux olympiques préparés dans le secret
La Seine olympique, nom dédiée à la cérémonie d’inauguration des Jeux olympiques de Paris 2024, s’est vu confiée sa direction artistique à Thomas Jolly. C’est en septembre 2022 que la mission lui est confiée de commander les préparatifs de cette célébration de grande envergure.
Pour révolutionner les codes et faire de l’événement un moment audacieux et intemporel différent des précédents, le professionnel diplômé d’une licence d’études théâtrales à l’Université de Caen, a mis les petits plats dans les grands.
Une idée de faire participer la ville et les athlètes mais surtout d’exclure un acte traditionnel de prestation dans un stade, a été la plus grande prise de risque réfléchie par l’artiste chevronné, passé également par l’école nationale supérieure du théâtre de Bretagne, à Rennes.
« On a pris des bateaux et on a puisé dans tous les kilomètres qu’on traversait combien l’histoire de France se déployait devant nous. »
Thomas Jolly – Interview sur Europe 1
Parce qu’en prélude de toute création, l’inspiration lui est venue sur un bateau lors d’une croisière sur la Seine, le metteur en scène confirmait vouloir reproduire et exhiber fièrement le patrimoine français grâce à ce fleuve qui est bordé de grands monuments, ponts et établissements culturels.
C’est dès lors qu’on apprendra qu’il fera du show une exception par un délogement hors du cadre d’un stade comme à l’accoutumée, pour le célèbre site fluvial de la ville lumière.
En prenant pour itinéraire le pont d’Austerlitz devant le jardin des plantes jusqu’au pont d’Iéna place du Trocadéro où la déambulation s’achèvera, le long du mythique fleuve jouera une place centrale aux manifestations artistiques devant drainer 3500 comédiens et danseurs.
Le défilé des athlètes se fera sur des embarcations de délégations nationales qui seront équipées de caméras pour retransmettre aux invités les images via les 80 écrans géants installés sur place. 300.000 spectateurs conviés sur les quais et ponts de Paris grâce à un ticket payant, pourront ainsi vivre intensément le spectacle fluvial qui se déroulera en contournant les deux îles parisiennes et passant sous huit à dix ponts et passerelles.
L’initiative est si bien échafaudée pour maintenir les plus gros détails secrets, qu’il n’y’aura pas eu de répétitions d’avant spectacle. L’organisation de Paris 2024 s’est chargée de mettre à disposition un logiciel permettant aux préparateurs de visualiser par exemple les 12 tableaux prévus pour la scène dans la ville ou encore de peaufiner les détails des différents décors à installer comme des astres ou des renseignements plus fins.
« Je peux même faire se lever le soleil ou le faire se coucher, faire avec des orages ou des arcs-en-ciel. Bref, pour voir la scénographie, les timings, etc… »
Thomas Jolly
Les costumes gérés par Daphné Burki sont pris dans le trafic d’un essayage géant dans des hangars à la discrétion du plus grand public et aidés par des salariés de l’Opéra de Paris ou du théâtre de Mogador.
Elle se confie : « Il y a des tenues qui représentent des kilomètres de tissu, il y a un tableau et à peu près douze kilomètres de ruban »
Tout est orchestré minutieusement pour décliner ce Jour-là, un rendu artistique exceptionnel de l’héritage français tout en conservant un mystère qui fait saliver et attise la curiosité.
Une cérémonie d’ouverture riche et diversifiée
Si la pluie battante du 26 juillet au soir a compliquée une performance en temps réels des différents intervenants remplacée par du play back, elle n’a d’autant pas pu empêcher les prestations d’être efficaces au point de fédérer un engouement contagieux dans la foule.
La cérémonie qui a vu le chef d’orchestre Cristian Măcelaru surmonter dignement les gouttes pour diriger sa troupe ou une Lady Gaga super excitée au bout de son micro, a également vite fait d’oublier ce mauvais temps.
Celle-ci qui s’est ouverte sur un court métrage humoristique entre Jamel Debbouze et ce dernier relayeur de la flamme Olympique transportée dans un métro bloquée sur la ligne 6 par le champion du monde 1998 Zinedine Zidane, a été suivie de moult instants forts aux relents historiques toujours pleins d’allusions.
Les athlètes sur leur embarcations qui ont pris leur départ dès le début des festivités sous le pont d’Austerlitz, ont suivi un parcours de six kilomètres sur la Seine pour rejoindre progressivement la place du Trocadéro.
Et à même titre qu’eux mais sur les berges, les spectateurs ont pu se régaler de grands moments inédits tout du long.
Parmi les performances qui ont eu un consensus positif de la foule présente et des milliards de spectateurs en télé audience, on a eu une véritable légèreté a pointer l’interprétation de la chanson du music Hall français datant de 1961 de la ballerine zizi Jeanmaire, intitulée »mon truc en plume » par Lady Gaga.
Ensuite, c’est Axelle Saint-Cirel qui a ravie les amoureux du chant de Rouget de Lisle, en entonnant la marseillaise depuis le toit du grand palais. Et ceci en concomitance à l’extraordinaire spectacle faisant émerger des femmes émérites de l’histoire française hors de la Seine.
Cette montée souveraine hors des flots fut l’exhibition verticale de statues dorées représentant dix personnalités féministes de France ayant œuvré fortement à la lutte pour les droits des femmes et l’égalité des sexes. Entre autres figures illustres, on a pu reconnaître les éminentes Paulette Nardal, pionnière du féminisme noire; Simone de Beauvoir, la philosophie et écrivaine; l’insoumise Olympes de Gouges ; l’avocate Gisèle Halimi; ainsi que la communarde et anarchiste Louise Michel.
Après, une cavalière masquée argentée sous un destrier mécanique dont un cheval du même revêtement, a galopé en équilibre sur le fleuve et a estomaqué tout le monde lorsqu’elle parcouru la Seine couverte par le drapeau Olympique sur les épaules pour rejoindre la tour Eiffel.
La Vasque allumée au Tuileries par Teddy Riner et Marie José Perec suivie d’une reprise de l’hymne à l’amour d’Édith piaf par Celine Dion, ont magnifiquement clôturé le festival sous les regards emotifs d’une audience subjuguée.
Une affinité indéniable entre ces scènes principales grandioses et le public, n’a pourtant pas permis de leur faire digérer les autres dérisions artistiques mal saisies dans leur protocole.
Allusion de propagande woke et railleries disséminées
Si certains des tableaux ont plu sans équivoque, d’autres par contre ont fait du grabuge et indigné aussi bien une partie des français que des personnalités étrangères des classes politique comme religieuse. Et ce fut le cas de trois oeuvres présentées qui n’ont pas été perçus dans la sensibilité artistique qu’il voulait décliner.
En effet, le tout premier portrait des trois comédiens dont deux hommes et une femme habillé.e.s par Charles de Vilmorin, grimpant des marches d’escaliers après une balade dans la bibliothèque nationale, avec des arrêts images langoureux de baisers échangés entre les trois, a suscité une forme de confusion au vu de cette démonstration d’amour plurielle d’hommes s’embrassant.
Si la séquence de marivaudage a voulu exprimer un clin d’œil au film »Jules et Jim » de François Truffaut; issu du roman éponyme de Henri Pierre Roché, l’apparence de trouple en sous-entendu n’a pas plu à la bonne frange de la société française intégriste.
Puis il y’a eu le groupe métal français Gojira qui en reprenant le titre »ça ira » des sans culotte de la révolution française, a mis en exergue des Marie Antoinette décapitées. Ce qui n’a fait que contrer son enjeu de rappel au passage sous échafaud de royalistes mesquins du pouvoir monarchique au 18e Siècle, pour référer à la peine de mort déjà abolie dans l’hexagone. Un geste maladroit qui a été décrié de part la mise en scène qui semblait rendre gloire aux tribunaux révolutionnaires du passé.
Le fameux tableau »le festin des Dieux » peint par le néerlandais Jan Van Biljert vers 1635-1640, n’a pas reçu l’acclamation universelle a laquelle sa représentation par une horde de drag queens aux accoutrements déjantés s’attendait.
En effet, c’est un Philippe Katrine audacieux badigeonné de bleu et arborant une nudité à peine voilée, qu’on aperçut affalé sur la table devant un plateau de fruit, et derrière lui, les autres comédiens drag figurant en costume aussi extravagant que la pause globale.
Des chaînes de télévision étrangère ont censuré ce passage qu’ils ont attribué à une propagande LGBT désolante. Tandis que l’épiscopat français s’est indigné de voire le tableau la CENE, connu comme l’illustration du dernier repas du Christ, impliqué dans une caricature diffamante de la religion chrétienne.
Invité à réagir sur BFM TV , Philippe Katerine a trouvé la cérémonie «très fou, libre, frais». «Après les polémiques j’en sais rien, s’il n’y en avait pas ce ne serait pas marrant, a-t-il estimé. Si tout le monde était d’accord et avait le même avis, quel ennui sur cette terre, ce serait un autre fascisme. J’ai trouvé son idée (à Thomas Jolly, le metteur en scène de la cérémonie) d’inclusion très bonne, on ne va pas choisir l’exclusion, ce serait quelque chose d’horrible.»
Des politiques et personnalités publiques écoeurées
Si Thomas Jolly affirme n’avoir pas été inspiré ni voulu reprendre la mythique Cène, tableau de Léonard de Vinci où apparaissent des apôtres entourant le Christ au centre, il semblerait que le timing d’apparition des protagonistes de son tableau festivités, n’a pas échappé à l’analyse minutieuse des spectateurs.
Se justifiant par le choix évident du Dieu Bacchus ou Dionysos qui a pour apanage olympien la fête, le vin (fleuron de France) et les fruits, il se défend de cette polémique exacerbée par une tentative d’exprimer le bon goût français en matière festive et une pique sur le vin français célèbre à travers le monde.
Au micro de BFMTV, il a expliqué que la Cène n’était pas sa source d’inspiration.
« Je crois que c’était assez clair, il y a Dionysos qui arrive sur cette table. Il est là, pourquoi parce qu’il est dieu de la fête, du vin, et père de Sequana, déesse reliée au fleuve ».
Thomas Jolly au micro de BFMTV
Malgré cela, il a reçu des invectives cinglantes venues des quatre coins du mondes.
Et c’est la député ex-Reconquête, Marion Maréchal qui ouvre le bal des dénigrements en crachant ses premières impressions 21h après, en tweets sur le media X:
»On cherche désespérément la célébration des valeurs du sport et de la beauté de la France au milieu d’une propagande woke aussi grossière. »
Marion Maréchal sur X (ex twitter)
La tête de liste Reconquête fait de cette parodie évidente et blasphématoire de la Cène, une allusion à une décadence de la France qui tombe dans des valeurs de gauche tentant de s’imposer sournoisement et d’éteindre les principes même du Christianisme et des bonnes mœurs.
« À tous les chrétiens du monde qui (…) se sont sentis insultés par cette parodie drag-queen de la Cène, sachez que ce n’est pas la France qui parle mais une minorité de gauche prête à toutes les provocations »
Marion Maréchal (ex-Reconquête) sur le même réseau social X
Damien Rieu, le cofondateur de Génération identitaire, depuis dissout, y a perçu de la « christianophobie » et un « mauvais goût », « sans compter la faute diplomatique contre tous les pays chrétiens ». L’ancien ministre conservateur Philippe de Villers a lui qualifié cette séquence d’« infamie », jugeant la cérémonie dans son ensemble de « honte ».
À l’étranger aussi, ce tableau a fait couler de l’encre. « C’était extrêmement irrespectueux envers les chrétiens », s’est par exemple indigné le milliardaire américain Elon Musk sur le réseau social X, qu’il a racheté en 2022.
Le tollé est tel que le Comité international olympique s’est excusé, suivi de Philippe Katerine, qui, sur CNN, a invoqué « le pardon si j’ai offensé, et les chrétiens du monde me l’accorderont, j’en suis sûr », ajoutant que c’est « ce qu’il y a de beau dans la religion chrétienne ».
Une empreinte d’inclusion française trop clivante
La séquence forte qui représentait les triangles amoureux, l’un des thèmes favoris des auteurs français a mise en valeur plusieurs œuvres de la littérature française : « Romances sans paroles » de Verlaine, « Caprices de Marianne » d’Alfred de Musset ou encore « Le Triomphe de l’Amour » de Marivaux.
Malheureusement, ce film tourné à la Bibliothèque de France, mettant à l’honneur une littérature transgressive à l’époque, comme « Le diable au corps » ou « Les liaisons dangereuses » de Pierre Choderlos de Laclos n’a pas laissé une impression universelle d’amour libre à reconnaître.
Ni même le choix par le président français de l’artiste française d’origine malienne, Aya Nakamura, qui sous le pont des arts a réalisé avec l’aide de la garde républicaine, une version revisitée du fameux »for me, formidable » de Charles Aznavour.
Si la direction artistique pensait rendre inclusive et progressiste cette ouverture, elle s’est prise de plein fouet les remontrances de la droite conservatrice en extrême regain d’audience en France et en Europe. Signe que le terrain d’entente entre les différents bords politiques, gauche et droite, sera toujours en plein affrontement qu’elle que soit le contexte ludique.
Les jeux Olympiques au lieu d’être une trêve estivale sans joute d’idéologie, n’ont fait que raviver des questions sociales identitaires de première instance en France, mises en exergue par des artistes noires ou des femmes à barbe décomplexés.
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